Théorème de Stampacchia

Le théorème de Stampacchia est un théorème d'analyse fonctionnelle. C'est un raffinement du théorème de Lax-Milgram.

Énoncé

Soient

  • H {\displaystyle {\mathcal {H}}} un espace de Hilbert réel muni de son produit scalaire noté . , . {\displaystyle \langle .,.\rangle } (la norme induite étant notée u = u , u 1 / 2 {\displaystyle \|u\|=\langle u,u\rangle ^{1/2}} ).
  • K   {\displaystyle K~} une partie convexe fermée non vide de H {\displaystyle {\mathcal {H}}}
  • a ( .   , . )   {\displaystyle a(.\ ,.)~} une forme bilinéaire qui soit
    • continue sur H × H {\displaystyle {\mathcal {H}}\times {\mathcal {H}}}  : c > 0 u , v H a ( u , v ) c u v {\displaystyle \exists \,c>0\quad \forall u,v\in {\mathcal {H}}\quad \|a(u,v)\|\leq c\|u\|\|v\|\quad }
    • coercive sur H {\displaystyle {\mathcal {H}}}  : α > 0 u H   a ( u , u ) α u 2 {\displaystyle \exists \,\alpha >0\quad \forall u\in {\mathcal {H}}\quad \ a(u,u)\geq \alpha \|u\|^{2}\quad }
  • L ( . )   {\displaystyle L(.)~} une forme linéaire continue sur H {\displaystyle {\mathcal {H}}}

Sous ces conditions, il existe un unique u {\displaystyle u} de K {\displaystyle K} tel que

( 1 )   v K a ( u , v u ) L ( v u ) {\displaystyle (1)\quad \forall \ v\in K\quad a(u,v-u)\geq L(v-u)\quad }

Si de plus la forme bilinéaire a {\displaystyle a} est symétrique, alors ce même u {\displaystyle u} est l'unique élément de K {\displaystyle K} qui minimise la fonctionnelle I : H R {\displaystyle I:{\mathcal {H}}\rightarrow \mathbb {R} } définie par I ( v ) = 1 2 a ( v , v ) L ( v ) {\displaystyle I(v)={\tfrac {1}{2}}a(v,v)-L(v)} pour tout v   {\displaystyle v~} de K   {\displaystyle K~} , en particulier :

( 2 ) !   u K I ( u ) = min v K I ( v ) {\displaystyle (2)\quad \exists !\ u\in K\quad I(u)=\min _{v\in K}I(v)}

Démonstration

Cas général

Par application du théorème de Riesz sur les formes linéaires continues, il existe un vecteur f H {\displaystyle f\in {\mathcal {H}}} tel que

v H , L v = f , v . {\displaystyle \forall v\in {\mathcal {H}},\quad Lv=\langle f,v\rangle .}

Par application de ce même théorème aux formes bilinéaires continues, il existe un endomorphisme linéaire continu A L ( H ) {\displaystyle A\in {\mathcal {L}}({\mathcal {H}})} tel que

u , v H , a ( u , v ) = A u , v . {\displaystyle \forall u,v\in {\mathcal {H}},\quad a(u,v)=\langle Au,v\rangle .}

De plus, la norme de A est égale à celle de a, d'où

( 3 )   u H A ( u ) c u {\displaystyle \qquad (3)\quad \forall \ u\in {\mathcal {H}}\quad \|A(u)\|\leq c\|u\|}

Avec ces éléments, la relation (1) s'écrit de manière équivalente

! u K v K f A ( u ) , v u 0 {\displaystyle \exists !\,u\in K\quad \forall v\in K\quad \langle f-A(u),v-u\rangle \leq 0}

Pour tout réel r {\displaystyle r} strictement positif, c'est également équivalent à

! u K v K r f r A ( u ) + u u , v u 0 {\displaystyle \exists !\,u\in K\quad \forall v\in K\quad \langle rf-rA(u)+u-u,v-u\rangle \leq 0}

Ce qui, en utilisant le théorème de projection sur un convexe fermé, se réécrit

! u K u = p K ( r f r A ( u ) + u ) {\displaystyle \exists !\,u\in K\quad u=p_{K}(rf-rA(u)+u)}

p K {\displaystyle p_{K}} est l'opérateur de projection sur K {\displaystyle K} . Ainsi, pour prouver le théorème, il suffit de montrer que pour un certain r > 0 {\displaystyle r>0} , il existe un unique u K {\displaystyle u\in K} qui vérifie l'équation de point fixe u = P r ( u ) {\displaystyle u=P_{r}(u)} où l'application P r : K K {\displaystyle P_{r}:K\rightarrow K} est définie par P r ( v ) = p K ( r f r A ( v ) + v ) {\displaystyle P_{r}(v)=p_{K}{\big (}rf-rA(v)+v{\big )}} .

Pour cela, choisissons r {\displaystyle r} de telle façon que P r {\displaystyle P_{r}} soit une application contractante. Soient x {\displaystyle x} et y {\displaystyle y} deux éléments de K {\displaystyle K} . Comme l'opérateur de projection p K {\displaystyle p_{K}} est 1-lipschitzien, on a

P r ( x ) P r ( y ) x y r A ( x y ) {\displaystyle \|P_{r}(x)-P_{r}(y)\|\leq \|x-y-rA(x-y)\|}

D'où

P r ( x ) P r ( y ) 2 x y 2 + r 2 A ( x y ) 2 2 r x y , A ( x y ) {\displaystyle \|P_{r}(x)-P_{r}(y)\|^{2}\leq \|x-y\|^{2}+r^{2}\|A(x-y)\|^{2}-2r\langle x-y,A(x-y)\rangle }

Comme la forme bilinéaire a {\displaystyle a} est coercive, on a A ( x y ) , x y = a ( x y , x y ) α x y 2 {\displaystyle \langle A(x-y),x-y\rangle =a(x-y,x-y)\geq \alpha \|x-y\|^{2}} . Par ailleurs, en utilisant la relation (3), on a l'inégalité A ( x y ) c x y {\displaystyle \|A(x-y)\|\leq c\|x-y\|} . Par conséquent,

P r ( x ) P r ( y ) 2 ( 1 + r 2 c 2 2 r α ) x y 2 {\displaystyle \|P_{r}(x)-P_{r}(y)\|^{2}\leq {\big (}1+r^{2}c^{2}-2r\alpha {\big )}\|x-y\|^{2}}

L'application P r {\displaystyle P_{r}} est contractante dès que 1 + r 2 c 2 2 r α < 1 {\displaystyle 1+r^{2}c^{2}-2r\alpha <1} , c'est-à-dire si on a 0 < r < 2 α / c 2 {\displaystyle 0<r<2\alpha /c^{2}} . En choisissant un tel r {\displaystyle r} et en utilisant le théorème de point fixe de Picard, on montre qu'il existe effectivement un unique u K {\displaystyle u\in K} tel que u = p K ( r f r A ( u ) + u ) {\displaystyle u=p_{K}{\big (}rf-rA(u)+u{\big )}} , ce qui conclut la démonstration.

Cas symétrique

Si la forme bilinéaire a {\displaystyle a} est symétrique, on montre facilement qu'elle définit un produit scalaire sur H {\displaystyle {\mathcal {H}}} . La coercivité implique que a {\displaystyle a} est définie et positive. On note par . , . a {\displaystyle \langle .,.\rangle _{a}} ce produit scalaire qui est défini par :

x , y H x , y a = a ( x , y ) {\displaystyle \forall x,y\in {\mathcal {H}}\quad \langle x,y\rangle _{a}=a(x,y)}

Par application du théorème de Riesz (Attention, pour utiliser le théorème de Riesz, il faut vérifier que l'espace muni du nouveau produit scalaire est bien de Hilbert : procéder par équivalence des normes) sur les formes linéaires, il existe un unique f H {\displaystyle f\in {\mathcal {H}}} tel que L ( v ) = f , v a {\displaystyle L(v)=\langle f,v\rangle _{a}} pour tout v H {\displaystyle v\in {\mathcal {H}}} .

La relation (1) s'écrit alors de manière équivalente :

! u K v K f u , v u a 0 {\displaystyle \exists !\,u\in K\quad \forall v\in K\quad \langle f-u,v-u\rangle _{a}\leq 0}

En utilisant le théorème de projection sur un convexe fermé, on a de manière équivalente :

! u K u = p K a ( f ) {\displaystyle \exists !\,u\in K\quad u=p_{K}^{a}(f)}

p K a {\displaystyle p_{K}^{a}} est l'opérateur de projection sur K {\displaystyle K} utilisant le produit scalaire défini par a {\displaystyle a} . La relation (1) est donc équivalente à :

f u , f u a = min v K   f v , f v a {\displaystyle \langle f-u,f-u\rangle _{a}=\min _{v\in K}\ \langle f-v,f-v\rangle _{a}}

soit encore

u , u a 2 f , u a = min v K ( v , v a 2 f , v a ) {\displaystyle \langle u,u\rangle _{a}-2\langle f,u\rangle _{a}=\min _{v\in K}\left(\langle v,v\rangle _{a}-2\langle f,v\rangle _{a}\right)}

ou bien

1 2 a ( u , u ) L ( u ) = min v K ( 1 2 a ( v , v ) L ( v ) ) {\displaystyle {\frac {1}{2}}a(u,u)-L(u)=\min _{v\in K}\left({\frac {1}{2}}a(v,v)-L(v)\right)} ,

ce qui conclut la démonstration.

Applications

Bibliographie

Haïm Brezis, Analyse fonctionnelle : théorie et applications [détail des éditions]

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Analyse fonctionnelle
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