Rosine Crémieux

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Rosine Crémieux
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Biographie
Naissance
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Elbeuf (Seine-Maritime)Voir et modifier les données sur Wikidata
Décès
Voir et modifier les données sur Wikidata (à 87 ans)
7e arrondissement de ParisVoir et modifier les données sur Wikidata
Nom de naissance
Rosine Anne-Marie BernheimVoir et modifier les données sur Wikidata
Nationalité
françaiseVoir et modifier les données sur Wikidata
Activités
Psychanalyste, psychologue, résistante françaiseVoir et modifier les données sur Wikidata
Enfant
Autres informations
Distinctions

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Rosine Crémieux, née Bernheim le à Elbeuf et morte le à Paris[1], est une psychanalyste, résistante et déportée française.

Biographie

Rosine Crémieux naît dans une famille juive alsacienne[2], qui opte pour la France lors de la guerre franco-prussienne de 1870 et s'installe en Normandie[3]. Elle naît à Elbeuf.

Jeunesse, résistance et déportation

Sa famille se réfugie en région lyonnaise au début de l'occupation allemande de la zone nord[2]. Elle pratique le scoutisme au sein de la Fédération française des éclaireuses, section neutre (laïque)[4]. Ses frères rejoignent les Forces françaises libres, tandis qu'elle s'engage dans la résistance intérieure[5],[4]. Elle suit à Lyon des cours de secourisme[6], ce qui lui permet de participer comme infirmière au service de santé du Vercors[3].

Elle fait partie des sept infirmières de la grotte de la Luire : le , des soldats de la Wehrmacht attaquent une grotte dans laquelle s'était réfugiée l'équipe médicale et soignante de l'hôpital de campagne de Saint-Martin-en-Vercors, avec 35 blessés pour l'essentiel des résistants français, mais également quatre soldats allemands[3]. La majorité des blessés sont exécutés, et les sept infirmières sont arrêtées, emprisonnées d'abord à la caserne de Bonne à Grenoble puis à la prison Montluc à Lyon, avant d'être déportées[6].

Rosine Crémieux, qui a alors 20 ans, est déportée à Ravensbrück par le convoi parti de Lyon le 11 [4]. Parce qu'elle refuse de travailler, elle est envoyée au kommando d’Abterode en . Elle y affectée comme tourneuse-fraiseuse à la fabrication de pièces de moteurs d'avion, qu'elle sabote. En représailles, elle est envoyée en 1945 à Markkleeberg, un camp de travail forcé annexe du camp de Buchenwald[7]. Au moment de l'évacuation des camps, elle parvient à s'échapper d'une Marche de la mort, et est secourue par un Allemand ancien membre des Jeunesses communistes puis par des troupes américaines[3].

Figure de la psychanalyse infantile

Après la guerre, elle bénéficie d'une bourse de l'American Field Service et part suivre des études de psychologie clinique aux États-Unis. Rentrée en France, elle travaille comme psychologue et superviseuse dans différents centres[6], dont le Centre médicopsychologique Alfred Binet à Paris[8] et l'Hôpital Necker Enfants Malades dans l'équipe de Georges Heuyer. Au début des années 1950, elle entame une psychanalyse, au cours de laquelle elle ne parvient pas à évoquer sa déportation[5].

En 1952, elle épouse Claude Crémieux, avec qui elle a trois enfants[5].

En 1958, elle fonde avec René Diatkine, Serge Lebovici, et Julian de Ajuriaguerra la revue La Psychiatrie de l'enfant, dont elle est d'abord secrétaire de rédaction de 1958 à 1990, puis directrice de la rédaction jusqu'à son décès[2],[8]. À sa fondation, la revue plaide pour une refondation de psychiatrie infantile, l'importance du travail en équipe pluridisciplinaire et l'ouverture aux expériences étrangères[9]. La Société psychanalytique de Paris, dont elle est membre, souligne sa qualité de « pionnière de la psychanalyse de l’enfant et de l’adolescent avec René Diatkine et Serge Lebovici »[10].

Témoin de la déportation

En 1994, elle participe à une émission télévisée avec les autres infirmières survivantes de la grotte de Luire. Ce moment la marque et déclenche chez elle la possibilité de revenir sur son expérience concentrationnaire[5]. Elle publie en 1999 l'ouvrage La Traine-Sauvage dans lequel par le biais d'un dialogue avec le psychanalyste Pierre Sullivan, elle effectue une « mise au présent de la mémoire » cinquante ans après cette expérience[11],[5],[4].

Elle témoigne ensuite de son expérience dans la Résistance et dans les camps devant différents publics[5].

Hommages et distinctions

Rosine Crémieux est récipiendaire des décorations suivantes :

Une résidence sociale porte son nom à Sotteville-lès-Rouen[14].

Notes et références

  1. Insee, « Extrait de l'acte de décès de Rosine Anne-Marie Bernheim », sur MatchID.
  2. a b c d et e « Rosine Crémieux, infirmière au maquis du Vercors, est décédée », La Croix,‎ (ISSN 0242-6056, lire en ligne, consulté le )
  3. a b c et d « Infirmières s’affairant auprès des blessés dans la grotte de la Luire », sur museedelaresistanceenligne.org (consulté le ).
  4. a b c et d Marie-Dominique Lelièvre, « Rosine Crémieux, 75 ans. Résistante dans le Vercors, rescapée de Ravensbrück, cette psychanalyste a attendu cinquante ans pour raconter. Du camp de la vie. », sur Libération (consulté le ).
  5. a b c d e et f Michèle Bitton, 110 femmes juives qui ont marqué la France : XIXe et XXe siècles : dictionnaire, (ISBN 978-2-915685-61-9 et 2-915685-61-4, OCLC 884417882, lire en ligne), "Rosine Crémieux"
  6. a b et c « Décès de Rosine Crémieux, infirmière au maquis du Vercors », sur France 3 Auvergne-Rhône-Alpes (consulté le ).
  7. « Markkleeberg-Wolfswinkel, camp annexe de Buchenwald », sur cercleshoah.org, (consulté le ).
  8. a et b Pierre Sullivan, « Hommage à Rosine Crémieux », La psychiatrie de l'enfant, vol. 55, no 2,‎ , p. 345–346 (ISSN 0079-726X, lire en ligne, consulté le )
  9. RENE DIATKINE, PR DE L'UNIV DU QUEBEC, (ISBN 2-13-067703-7 et 978-2-13-067703-1, OCLC 1327994403, lire en ligne)
  10. « Décès de Rosine Crémieux | Œdipe », sur oedipe.org (consulté le ).
  11. « Passages de témoins », Le Monde.fr,‎ (lire en ligne, consulté le )
  12. « Décret du 5 juillet 1999 », sur legifrance.gouv.fr (consulté le ).
  13. « Mémoire des hommes », sur memoiredeshommes.sga.defense.gouv.fr (consulté le ).
  14. "ICF Habitat atlantique inaugure 39 nouveaux logements sociaux à Sotteville-les-Rouen", Communiqué de presse du 25 novembre 2014, lire en ligne

Voir aussi

Bibliographie

  • Rosine Crémieux, Pierre Sullivan, La Traine-Sauvage, Flammarion, (ISBN 2080676997)

Liens externes

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